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Politics : Should NY Times Be Prosecuted for Classified Leaks

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From: Mao II7/5/2006 3:48:41 PM
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Aux Etats-Unis, l'une des activités préférées des militants conservateurs est d'attaquer la presse "de gauche" - soit tous les médias, de leur point de vue, à l'exception de la chaîne de télévision Fox News. En année électorale, la surenchère a peu de chance de diminuer. Généralement, la bagarre ne dépasse pas le stade des invectives sur le thème de la "désinformation". Cette fois, le ton est au vitriol. Les journaux sont accusés de défaitisme, d'"antipatriotisme". Les chroniqueurs de droite crient à la "haute trahison". Ils réclament des poursuites. Et les parlementaires républicains sont de la partie.



La polémique a commencé lorsque le New York Times a publié, le 23 juin, des informations sur un programme secret de la CIA et du ministère des finances (le département du Trésor), permettant de surveiller les transactions bancaires de millions de personnes, en vue d'empêcher les réseaux terroristes d'échanger des fonds. C'était le troisième volet d'une série de révélations de la presse qui ont montré que, depuis près de cinq ans, l'administration Bush a mis en place un filet de surveillance étroit autour des Américains. Au nom de la lutte antiterroriste, le gouvernement intercepte les communications électroniques à destination de l'étranger, ou compile des millions de numéros de téléphone pour essayer de repérer des réseaux.

Le New York Times n'a pas été le seul à publier des scoops - USA Today a été à l'origine des informations sur le rôle de la NSA, la très secrète National Security Agency. Mais c'est le quotidien new-yorkais qui a lancé la première attaque contre les pratiques de Washington, le 17 décembre 2005, en révélant l'affaire des interceptions téléphoniques et en mettant en garde contre les menaces faisant peser de tels programmes secrets sur les libertés individuelles.

Le New York Times, surtout, a eu accès à des sources à l'intérieur même de l'administration. La réponse du gouvernement a, à chaque fois, été d'annoncer des poursuites contre les auteurs des fuites (non encore démasqués) et de déplorer que les journaux manquent d'esprit de responsabilité.

Cette fois, les réactions ont pris un ton carrément menaçant. "Nous sommes en guerre avec un groupe de gens qui veulent du mal aux Etats-Unis d'Amérique. Que des gens fassent filtrer ces informations et que des journaux les publient cause un tort très important au pays", a déclaré le président George Bush. Le vice-président Dick Cheney a mis directement en cause le journal : "Certains membres de la presse, en particulier le New York Times, ont rendu la tâche de défendre le pays contre de nouvelles attaques encore plus difficile en insistant pour publier des informations détaillées sur des programmes d'importance vitale", a-t-il dit. M. Cheney s'est déclaré "doublement troublé" que les jurés du prix Pulitzer aient donné un prix au Times pour l'article de décembre.

Le Wall Street Journal et le Los Angeles Times ont publié les mêmes informations, mais le New York Times est devenu l'emblème des "fuites", et son nom fait plus que jamais figure d'épouvantail dans le pays républicain profond. C'est pour eux comme "une cible envoyée par Dieu", selon l'expression de l'un des anciens collaborateurs du journal, Terence Smith. Son directeur, Bill Keller pense que la Maison Blanche n'a jamais digéré le premier scoop, en décembre. "La réaction de l'administration a réveillé la base républicaine. Mais elle a aussi mobilisé les anti-Bush", a-t-il indiqué au Washington Post.

La polémique aurait pu s'arrêter là si le représentant républicain de New York, Peter King, n'avait décidé d'attacher son nom à la cause. Et ce, à un moment où les républicains, distancés dans les sondages, sont engagés dans une contre-attaque tous azimuts, à moins de cinq mois des élections parlementaires de novembre. Une contre-attaque orchestrée après le retour sur le devant de la scène du conseiller du président Karl Rove, mis hors de cause dans une affaire de... fuites dans la presse. M. Bush essaie à son tour d'"utiliser les fuites à son avantage", a résumé le Washington Post.

Dans une lettre au ministre de la justice, M. King a réclamé des poursuites contre les journalistes au nom de la loi sur l'espionnage. Jeudi 29 juin, la Chambre a adopté (par 227 voix contre 183) une résolution à peine édulcorée qui ne mentionne pas nommément le journal, mais condamne "les organisations de presse" qui ont révélé les informations sur le programme de surveillance financière, en les accusant de "mettre la vie de citoyens américains en danger". Dans la foulée, la National Review a proposé que les accréditations officielles du New York Times soient supprimées. Des blogs se sont mis à comparer le Times à Julius et Ethel Rosenberg, ce couple accusé de haute trahison et exécuté en 1953.

M. Keller et le chroniqueur Franck Rich ont dû rappeler que la démocratie a besoin d'une "presse en éveil", selon l'expression du juge qui avait statué sur la publication, en 1971, des "papiers du Pentagone", une histoire secrète de la guerre du Vietnam écrite de l'intérieur du ministère de la défense. L'administration Nixon avait alors tenté d'empêcher en justice la publication du document. Un premier juge avait statué en sa faveur mais la Cour suprême, dans un renversement spectaculaire, avait autorisé la parution.

De politique, le débat sur les fuites est devenu national, les journaux tentant de faire comprendre leur position aux lecteurs. Mais voilà qu'ils sont aussi pris à partie par une autre frange de citoyens, ceux qui trouvent que la presse n'a que trop tardé à s'émanciper du carcan de patriotisme imposé par l'administration Bush après le 11-Septembre. Un livre, Media Control, est paru sur le sujet en 2005 (il vient d'être publié en français aux éditions des Arènes).

Ceux-là reprochent au New York Times d'avoir attendu un an avant de publier, en décembre 2005, des informations qu'il détenait et qui auraient peut-être pu influer sur le cours de l'élection présidentielle de 2004. Aux yeux des associations de gauche, les journaux sont plutôt "coopératifs" avec les autorités : au printemps, le Washington Post a accepté de ne pas révéler le nom des pays d'Europe de l'Est ayant accepté d'accueillir des centres de détention secrets de la CIA, à l'issue de négociations avec le gouvernement.

Dans le cas du New York Times et de la surveillance des transactions bancaires, le secrétaire au Trésor, John Snow (démissionnaire), a lui-même indiqué comment il avait tenté de dissuader le quotidien de publier son scoop et comment il croyait avoir réussi. Le directeur Bill Keller a, de son côté, expliqué que, fin mai, il avait passé plus d'une heure avec le ministre Snow, qu'il avait ensuite reçu un coup de fil du directeur national du renseignement, John Negroponte, et qu'on lui avait même envoyé un démocrate farouchement antiguerre, le représentant John Murtha. Leur argument : publier les révélations dissuaderait la Swift, l'organisme bancaire par lequel transitent les transactions, de coopérer avec les Américains, sous la pression de l'opinion publique européenne. Le directeur du New York Times n'a pas cédé.
lemonde.fr@2-3236,36-790666@51-790737,0.html
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