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Pastimes : Kosovo -- Ignore unavailable to you. Want to Upgrade?


To: Douglas V. Fant who wrote (5124)4/23/1999 4:48:00 AM
From: GUSTAVE JAEGER  Respond to of 17770
 
Douglas,

Here's a rather ''philosophical'', big-picture analysis by a French scholar in France's prominent daily newspaper Le Monde:

Sorry folks... it's all in French and I'm too lazy to translate it --except the title:

NATO against Serbia

Is the War Waged upon Serbians or upon Europe?


LE MONDE / 22 Avril 1999 / Page 19

HORIZONS-DEBATS

L'OTAN contre la Serbie

Guerre contre les Serbes ou contre l'Europe ?


LA désastreuse intervention en Serbie a un avantage : elle nous contraint à réfléchir sur l'avenir immédiat de la planète. Sera-t-il indéfiniment assujetti aux volontés impériales du dernier chauvinisme à visée globale, ou prendra-t-il le chemin de la construction d'une légitimité civique mondiale ? Le monde sera-t-il une pluralité démocratique, ou bien se réduira-t-il à la force de manoeuvre d'un unique maître, contraignant chacun à la dépendance économique, à l'humiliation politique, ou, en dernier recours, à la destruction programmée ?

La guerre de l'OTAN à la Yougoslavie n'a rien à voir avec la justice internationale. L'explosion régionale monstrueuse qu'elle a déclenchée, de façon consciente (à moins de considérer les stratèges américains comme des imbéciles) correspond à deux objectifs parfaitement clairs - sauf pour les politiciens ignorant leur amour inconscient de la servitude volontaire : casser l'Europe ; barrer la route à la démocratie mondiale en lente émergence.

Le premier motif du conflit importé en plein coeur de notre continent par nos amis américains est une déclaration de franche hostilité des Etats-Unis à l'Europe. Qui en doutera, sinon les naïfs manipulés dans leur fibre humanitaire ? Il s'agit de réimposer le dollar (défaillant) contre l'euro (montant) ; de réaffirmer la domination financière et militaire contre les proximités lentement tissées sur un passé de guerres ; de faire admettre la prééminence d'une police mondiale brutale, contre le patient apprivoisement des ancestrales haines balkaniques. Pour faire sauter le projet européen, y précipiter des masses gigantesques de capitaux spéculatifs ne suffit pas.

Orchestrer le dénigrement de la Commission européenne (certes pas vraiment transparente), non plus. Parvenir à faire renoncer les Allemands et les Français à unir leurs bataillons est déjà mieux, mais il faut encore un effort pour obtenir une vraie déstabilisation.

La Serbie : départ de la rage fratricide franco-germanique. Lieu de la triple fracture religieuse entre catholicisme, orthodoxie et islam, redoublée des anciens idéaux impériaux brûlant encore sous la cendre (Turquie, Autriche, Hongrie, Russie, puissances occidentales).

Espace imaginaire de toutes les concurrences aveugles, de toutes les trahisons imputées. Croit-on que réunir, sous la même bannière de l'OTAN, Grecs et Turcs, Français et Allemands, ramenés au rang de policiers de base, peut contribuer à assoupir ces vibrions ?

N'est-ce pas au contraire favoriser leur fermentation sous le couvercle artificiel d'une coalition hétéroclite ? Au risque qu'ils n'explosent en cascade, dès que sera consommé l'inévitable échec de cette vraie-fausse campagne militaire, évidemment incapable d'affronter le corps à corps avec un peuple décidé à mourir pour son intégrité territoriale.

Alors, encouragées par des dirigeants portés par la passion ethnique ranimée, se réactiveraient de proche en proche les revendications minoritaires croisées, les exigences frontalières, les massacres interreligieux, les aventures militaires ponctuelles ou plus générales : bref, tout le front méditerranéen de l'Europe à feu et à sang. Bravo, l'idéal humanitaire !

Quand bien même le scénario le plus pessimiste ne se réaliserait pas, voilà néanmoins l'Europe aux prises avec des tensions périphériques et internes durables, avec un abcès de fixation suppurant interminablement et absorbant beaucoup de nos énergies.

Diviser pour mieux régner, casser les alliances des nations pour attiser les inimitiés tribales : on connaît la sagesse - ou la folie - multiséculaire des puissances, et particulièrement celle des Américains, dont la politique étrangère a, depuis longtemps, associé un protectionnisme buté et une ardente duplicité, une habileté diabolique à provoquer entre ses compétiteurs des combats ruineux ou fatals. Après avoir sapé les économies du Sud-Est asiatique, de Russie et d'Amérique latine par des coups financiers dont elles ont toujours tiré avantage, il restait un dernier obstacle majeur aux puissances d'argent utilisant le drapeau américain pour empêcher définitivement tout espoir d'une planète multipolaire : l'Europe. C'est donc là qu'il fallait faire porter l'effort, en jouant des indignations légitimes contre tel minuscule régime nationalitaire. Car la guerre aux Balkans, d'ailleurs non déclarée, n'est pas faite aux Serbes : c'est une guerre contre l'Europe.

Le modèle de l'ONU, ne serait plus habitable par l'hyperbourgeoisie, à cause du poids des " grands " du monde pauvre osant résister encore à son hégémonie (Chine, Inde), et aussi à cause de la lente ébauche d'un Etat mondial qui s'y élabore : par exemple au travers d'une Cour internationale de justice (débarrassée des pressions américaines), ou des programmes de protection de l'environnement, de plus en plus gênants pour la pollution massive induite par le mode de production et de consommation nord-américain.

Les Etats-Unis ont-ils déclaré la guerre à l'ONU comme ils l'ont fait (sans le dire) à l'Europe ? En tout cas, l'ONU est en proie à une entreprise systématique d'érosion visant peut-être, à terme, l'implosion. La dette considérable des Etats-Unis à l'égard de l'institution internationale limite drastiquement ses possibilités d'action. Par ailleurs se multiplient les incidents où l'autorité de l'ONU se trouve bafouée : dénigrement par la diplomatie américaine de telle candidature au poste de secrétaire général ; rupture ouverte avec les décisions internationales concernant les interventions militaires en Irak, etc. Les bombardements de l'OTAN en Yougoslavie s'inscrivent dans cette ligne de rupture avec la légitimité mondiale, au prétexte des blocages bureaucratiques, mais pour la véritable raison que cette légitimité ne saurait être étrangère à l'existence des peuples. Faudrait-il rappeler qu'avant d'être de vilains nationalismes génocidaires les peuples sont des constructions modernes inventées pour en finir avec les féodalismes et les esclavagismes qui étaient si à l'aise dans les poussières de principautés impériales et de seigneuries des anciens régimes ? Faudrait-il avertir qu'en démonisant la nation - ce réceptacle fragile des compromis sociaux et ethniques -, l'empire américain nous prépare, pour un surlendemain qui n'est peut-être pas si lointain, un état de mobilité chaotique universelle, parfaitement propice à l'établissement d'une nouvelle servilité généralisée, et certainement pas à un mondialisme démocratique ?

Nous sommes donc conduits à poser clairement l'alternative : puisque le monde se trouve désormais saisi dans la résille des liens économiques et informationnels, vaut-il mieux endosser définitivement l'uniforme de supplétifs d'une nation particulière, à la prétention exorbitante, ou troquer nos souverainetés patriotiques (parfois si dangereuses) pour une construction mondiale négociée ? Si nos diplomates et nos soldats doivent accepter d'introduire dans leur code de conduite des facteurs qui ne relèvent pas du commandement aveugle, vaut-il mieux que ce soit l'intérêt étroit de la régence américaine ou des principes relevant d'une constitution mondiale, garante des droits de l'homme, dont celui des peuples est partie intégrante ?

Je crois que la grande armada sous gouverne américaine illustre un des derniers soubresauts des dinosaures nationaux-impériaux face à la claire nécessité d'une citoyenneté mondiale et de ses institutions.

Elle peut encore cracher le feu, utiliser la provocation, mésuser de la candeur humanitaire sincère. Mais, à moins de se vouer au chaos, le XXIe siècle ne pourra sans doute plus relever de la logique infantile de la toute-puissance.

Il faut se retirer très vite d'un engagement indigne, dont la grossière inadéquation aux buts humanitaires affichés ne peut qu'inciter ses auteurs à pousser toujours plus loin le mensonge, à écraser d'autant plus Serbes et Kosovars sous les mêmes bombes qu'ils se sentiront moralement encouragés à imputer aux premiers le massacre des seconds. Car, n'en doutons pas, une fois durcie au feu de l'ignominie, la vertu de nos chiens de guerre ne connaîtra plus de limites.

PAR DENIS DUCLOS

Denis Duclos est sociologue, directeur de recherche au CNRS.

Direct link: lemonde.fr
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To: Douglas V. Fant who wrote (5124)4/23/1999 9:44:00 AM
From: ACS_101  Read Replies (1) | Respond to of 17770
 
It took Pearl Harbor before Roosevelt was able to mobilize popular opinion to bring the US into the war against Hitler. It was known "privately" for at least 3 years that Jews, Poles, gypsies and other "dispensables" were being exterminated. If Roosevelt had committed troops to Europe and against Hitler in the 30's, there was a serious risk he would have been thrown out of office. Popular press was heavily against involvement and into isolationism.

Tell the crosses at Normandy that the price was too high for an earlier entry, when we could still have landed troops in Europe at airports, instead of being cut to ribbons on the beach.

If we have to look at the cost/benefit analysis of this, the cost is now 1000 fold what it would have been to stop Milosevic last year. Next year it will be another 1000 fold.