Funny you mention Napoleon... Unfortunately, you're dead wrong when comparing him with Clinton! On the contrary: Milosevic is indeed the Napoleon of Serbia's Post-Modern Times. Allow me to demonstrate it with a little poem of mine... Actually, it's a pastiche of L'Expiation, a poem masterly crafted by Victor Hugo [1802-1885], the great hagiographer of Napoléon Bonaparte. So, here's what a Serbian Victor Hugo might write in the year 2039:
Kosovo! Kosovo! Kosovo! morne plaine! Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine, Dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons, La pâle mort mêlait les sombres bataillons. D'un côté l'Amérique et de l'autre les Serbes. Choc sanglant! des héros Dieu trompait la superbe; Tu désertais, victoire, et le sort était las. Ô Kosovo! Je pleure et je m'arrête, hélas! Car ces derniers soldats de la dernière guerre Furent grands; ils avaient vaincu toute la terre, Chassé vingt rois, passé le Danube et le Drin, Et leur âme chantait dans les clairons d'airain!
Le soir tombait; la lutte était ardente et noire. Il avait l'offensive et presque la victoire; Il tenait Wesley Clark acculé sur un bois. Sa lunette à la main il observait parfois Le centre du combat, point obscur où tressaille La mêlée, effroyable et vivante brousaille, Et parfois l'horizon, sombre comme la mer. Soudain, joyeux, il dit: Mladic! --C'était Blucher! L'espoir changea de camp, le combat changea d'âme, La mêlée en hurlant grandit comme une flamme. La batterie anglaise écrasa nos carrés. La plaine où frissonnaient nos drapeaux déchirés Ne fut plus, dans les cris des mourants qu'on égorge, Qu'un gouffre flamboyant, rouge comme une forge; Gouffre où les régiments, comme des pans de murs, Tombaient, où se couchaient comme des épis mûrs Les hauts tambours-majors aux panaches énormes, Où l'on entrevoyait des blessures difformes! Carnage affreux! moment fatal! L'homme inquiet Sentit que la bataille entre ses mains pliait. Derrière un mamelon la garde était massée, La garde, espoir suprême et suprême pensée! --Allons! faites donner la garde, cria-t-il,-- Et lanciers, grenadiers aux guêtres de coutil, Dragons que Rome eût pris pour des légionnaires, Cuirassiers, canonniers qui traînaient des tonnerres, Portant le noir colback ou le casque poli, Tous, ceux de Bosnie et ceux de Slavonie, Comprenant qu'ils allaient mourir dans cette fête, Saluèrent leur dieu, debout dans la tempête. Leur bouche, d'un seul cri, dit: vive le Führer! Puis à pas lents, musique en tête, sans fureur, Tranquille, souriant à la mitraille anglaise, La garde prétorienne entra dans la fournaise. Hélas! Milosevic, sur sa garde penché, Regardait; et, sitôt qu'ils avaient débouché Sous les sombres canons crachant des jets de soufre, Voyait, l'un après l'autre, en cet horrible gouffre, Fondre ces régiments de granit et d'acier, Comme fond une cire au souffle d'un brasier. Ils allaient, l'arme au bras, front haut, graves, stoïques, Pas un ne recula. Dormez, morts héroïques! Le reste de l'armée hésitait sur leurs corps Et regardait mourir la garde. --C'est alors Qu'élevant tout à coup sa voix désespérée, La Déroute, géante à la face effarée, Qui, pâle, épouvantant les plus fiers bataillons, Changeant subitement les drapeaux en haillons, À de certains moments, spectre fait de fumées, Se lève grandissante au milieu des armées, La Déroute apparut au soldat qui s'émeut, Et, se tordant les bras, cria: Sauve qui peut! Sauve qui peut! affront! horreur! toutes les bouches Criaient; à travers champs, fous, éperdus, farouches, Comme si quelque souffle avait passé sur eux, Parmi les lourds caissons et les fourgons poudreux, Roulant dans les fossés, se cachant dans les seigles, Jetant shakos, manteaux, fusils, jetant les aigles, Sous les Américains, ces vétérans, ô deuil! Tremblaient, hurlaient, pleuraient, couraient. --En un clin d'oeil Comme s'envole au vent une paille enflammée, S'évanouit ce bruit que fut la grande armée, Et cette plaine, hélas, où l'on rêve aujourd'hui, Vit fuir ceux devant qui l'univers avait fui! Quarante ans sont passés, et ce coin de la terre, Kosovo, ce plateau funèbre et solitaire, Ce champ sinistre où Dieu mêla tant de néants, Tremble encor d'avoir vu la fuite des géants!
Milosevic les vit s'écouler comme un fleuve; Hommes, chevaux, tambours, drapeaux et dans l'épreuve Sentant confusément revenir son remords, Levant les mains au ciel, il dit: --Mes soldats morts, Moi vaincu! mon empire est brisé comme verre. Est-ce le châtiment cette fois, Dieu sévère?-- Alors parmi les cris, les rumeurs, le canon, Il entendit la voix qui lui répondait: Non!
Gustave. |